MISSION "COLERE"
- "SALAUD" - "FILAN"
Les
mésaventures et autres péripéties de trois autres équipes comptent
pour une large part dans le livre du colonel Rémy (1) :
« Ces trois équipes furent parachutées dans la nuit
du 3 au 4 juillet
44 dans la Sarthe à Château l’Hermitage. Partis à six : Evelyne
Clopet, Roger Fosset, André Noël, Aristide Crocq, Marcel Biscaïno et
Laurent Rigot. Ce parachutage fut mouvementé, à tel point que le
comité de réception au sol éteignit le balisage trop tôt. L’avion,
croyant à une alerte, ramène Evelyne sans l’avoir laissée sauter.
Elle sera parachutée quatre jours plus tard isolément. Elle réussit
tout de même à rejoindre son observateur le 14 juillet.
Sous-lieutenant Evelyne Clopet
Alias
Chamonet
Fusillée le 10 août
1944
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Sous-lieutenant Marcel Biscaïno
Alias
Maurin
Fusillé le
10 août 1944
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La retraite allemande est si rapide que les ordres
primitifs ont été modifiés. On leur demande de précéder le repli de
l’ennemi, en évitant de se laisser encercler. Des résistants leur
procurent une camionnette allemande. Les trois équipes se dirigent
sur Vendôme. Le 9 août, des soldats allemands en fuite arrêtent le
véhicule qui vient de traverser Lavardin. Ils espèrent avoir trouvé
un moyen de transport.
Etonnés à la vue de ces civils qui occupent une auto de
la Wehrmacht, les Allemands demandent à voir les papiers. Nos amis
sont naturellement pourvus de faux ordres de transport et de faux «
Ausweis ». Malheureusement, aucun d’eux ne parle l’allemand.
Sous-lieutenant Aristide Crocq
Alias
Dutal
Fusillé le 10 août
1944
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Sous-lieutenant Roger Fosset
Alias
Girard
Fusillé le
10 août 1944
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Les soldats semblent soupçonner un vol de voiture.
Peut-être ont-ils simplement envie de s’emparer de cette camionnette
qui leur serait fort utile ? Ils font brutalement descendre les six
passagers et jettent les bagages sur la route. Une valise s’ouvre,
un poste émetteur apparaît. Tout de suite, c’est la fouille. Les
Allemands découvrent des armes. Les jeunes gens vont se battre, mais
Evelyne les adjure de n’en rien faire. Ordre est donné au petit
groupe de reprendre place dans la camionnette dont un soldat fait
sauter la vitre intérieure. Des Allemands s’installent sur le capot,
d’autres tiennent en respect les six jeunes gens. Noël et Rigot sont
placés près des portières. La voiture se met en marche vers Vendôme.
Biscaïno et Crocq réussissent à déchirer les papiers qu’ils portent
et les jettent au dehors.
A l’arrivée à Vendôme, Rigot réussit à sauter de la
voiture et prend la fuite. A vingt et une heures, les cinq
compagnons qui restent sont remis entre les mains des Feldgendarmen.
Une femme de charge verra bientôt Evelyne étendue à terre, évanouie,
avec autour d’elle un cercle de gendarmes allemands. Elle porte au
front la trace de coups de crosse, ses cuisses ont été lacérées par
la morsure du fouet. L’interrogatoire a duré jusqu’à 1h30 du matin,
ponctué de cris de douleur, sans que les bourreaux réussissent à
tirer aucun mot de ceux qu’ils martyrisaient.
Sous-lieutenant André Noël
Alias
Ferrière
Fusillé le 10 août
1944
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Le Brigadier Général
B. Rogers (Européen Theater Opération)
remet à Madame Amélie Noël le 23 vril 1945
la Silver Star US décerné
à son fils André à titre posthume
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Les Feldgendarmen en ont assez. Ils se font livrer un tombereau sans
conducteur et emmènent les cinq jeunes gens sur la route de Paris.
Des habitants de Vendôme entendent grincer les roues mal graissées,
ils perçoivent un appel angoissé, lancé par une voix féminine… Puis
des rafales de mitraillettes. On a enterré les cinq martyrs côte à
côte, dans le petit cimetière de Saint-Ouen près de Vendôme ».
(1) Colonel RÉMY,
Les Mains Jointes , Raoul Solar, 1949.
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