Louis GUYOMARD
4 août 1922 - 4 avril 2012
Dès le 20 juin 1940, âgé de 17 ans et 10 mois, Louis GUYOMARD crée, en Bretagne, une sorte de réseau d'évasion (baptisé par la suite Craonne) de prisonniers de guerre anglais, polonais et français (52 au total) pour lesquels il établit, avec son frère cadet, de fausses cartes d'identité avec le timbre officiel de la mairie de son village natal.
Il recueille également des renseignements stratégiques, relève les plans de défense allemands et les fait transmettre à Londres par l'intermédiaire d'un agent de la Confrérie Notre Dame (C.N.D.).
Dénoncé et arrêté par la Gestapo, il réussit à s'enfuir le 15.3.1941. Après maintes péripéties et un périple extraordinaire, il rejoint l'armée française au Maroc.
Le 8.11.1942, en permission en France lors du débarquement allié en Afrique du Nord alors qu'il est interdit de quitter le territoire métropolitain, il décide de repartir, par ses propres moyens, au Maroc.
Ayant réussi, malgré de nombreux avatars, à franchir la frontière espagnole, il est arrêté dans un train à proximité de Barcelone.
Interné dans le camp, tristement célèbre, de Miranda à Gérone et torturé alors qu'il cherche à protéger des camarades, il tient bon et donne l'exemple aux autres détenus.
Libéré grâce à la Croix Rouge britannique, il rejoint enfin les Forces Françaises du Maroc et participe avec le 2éme régiment de Tirailleurs Marocains à la campagne d'Italie où il est blessé à Cassino.
Volontaire pour les services spéciaux (missions derrière les lignes ennemies), il intègre le Plan Sussex.
Parachuté par le squadron 161 de la RAF dans la nuit du 7 au 8 juillet 1944 à Orbay-L’Abbaye avec son camarade Albert Beaurel, la zone d’activité de l’équipe Sussex « Hélène » était la Champagne avec Troyes pour pivot.
Grâce à son activité, il facilite amplement l'action des troupes américaines pour la libération de cette ville, envoie 25 messages radio à destination de Londres.
Ces informations permettront divers bombardements (concentration de locomotives, dépôt d’essence de Brevennes, et également l’identification de la Division S.S. « Adolphe Hitler ».)
Il est décoré pour cette mission par l’état-major du Général Eisenhower de la Silver Star Médal US.
Par la suite il effectue de nouvelles missions en Lorraine, en Belgique (lors de la contre offensive allemande des Ardennes) et en Allemagne, afin de participer à la libération des camps de concentration dans le cadre de l'unité interalliée « Spécial Allied Airborn Reconnaissance Force» plus connue sous l'acronyme « S.A.A.R.F. ».
A la capitulation allemande, Louis GUYOMARD se porte volontaire pour servir au commando «Conus » luttant en Extrême Orient.
Il participe à tous les combats de cette unité de choc tant en Cochinchine, au Laos, au Cambodge qu'au sud-Annam contre les troupes japonaises et mêmes chinoises.
Dégagé, à sa demande, des cadres de l'Armée le 31.12.1946, il totalise cinq citations françaises: 1 à l'ordre de l'Armée, 3 à l'ordre de la Division, 1 à l'ordre du Régiment.
Tout en exerçant par la suite, différentes professions (exploitant forestier au Cameroun, responsable de syndicats d'exploitations agricoles au Maroc, directeur puis directeur général adjoint, fondé de pouvoir du groupe Viniprix-Euromarché), Louis assume les responsabilités de Président d'associations patriotiques en particulier «l’Amicale du Plan Sussex 1944 », « Commando Conus », et vice-président National des «Evadés de France par l'Espagne ».
Suite au tremblement de terre d'Agadir, le 29.2.1960, après avoir été parmi les premiers à porter secours aux victimes, il crée une association « Le Lien des Anciens d'Agadir et du Souss » regroupant encore actuellement en France et au Maroc 350 familles. Il en est le Président d'honneur.
Ses forces déclinant et jusque quelque temps avant son hospitalisation, Louis GUYOMARD continue à œuvrer en permanence pour la reconnaissance des mérites de ses camarades encore en vie ou décédés au combat sous un nom d'emprunt.
Invité à tous les rassemblements patriotiques, il participe avec foi et rayonnement. dans la mesure de ses moyens physiques, aux cérémonies, colloques et autres manifestations.
Président fondateur et fédérateur des noyaux restants des réseaux «Conus » et « Sussex », il pérennise un devoir de mémoire toujours vivace : publications dans différentes revues, réponses aux chercheurs historiques français et étrangers.
Il fait don de nombreux souvenirs concernant sa mission à la collection Sussex au Musée du Pays de la Zorn à Hochfelden. Il fera également don de matériel radio au musée de l'Armée, (l’émetteur récepteur B2) d’André Guillebaud, le radio de Jacques Voyer.
Son action, alors qu'il n'avait pas encore vingt ans, est une référence pour les jeunes du XXIème siècle, leur permettant de comprendre l'image de la France combattante d'alors.
Ses cendres ont été déposées le 12 avril 2012, selon ses dernières volontés, dans la crypte du carré des Légionnaires à Puyloubier, au milieu de ses frères d'armes, puisqu’il avait été nommé, à titre exceptionnel, 1ère Classe d’Honneur.
NB : Cette évocation est extraite (en grande partie) de l’éloge funèbre de Louis Guyomard, écrite et lu par son ami le Colonel Claude Chaton Vice-président du Comité de la Légion d’Honneur d’Hyères que nous remercions.
Décorations principales :
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