VITRAIL MISSION
The mission "Vitrail" also finished in a dramatic way. Jacques Voyer (observer) and André Guillebaud (radio), were dropped in the night of the 10th to 11th April 44 in the Chartres region. Other men and supplies were dropped twice. In terms of results this mission was successful due to the quantity of information being of the highest importance. Mainly messages concerning the movements of the S.S. division "Lehr" were sent on to London.
During an observation of troop movements, André Guillebaud noticed "emblems” or badges of unknown units painted on vehicles. He made fast sketches of these and gave them to Jacques Voyer for identification. On the 10th of June, when Voyer approached the convoy to learn some more, he was taken in for questioning by two Field Police who required him to show his papers. The sketches in question were in his wallet and fell into the hands of the Germans. In spite of this dilemma Voyer tried to escape but received two bullets fired by the police officers and was imprisoned.
Tortured for more than eight days he did not speak. On the June 26th June he was bought before a German military tribunal and was sentenced to death for espionage. He was shot the following day, at the rifle practice ground in Chavannes, near to Chartres. On 20th January 1946, General de Gaulle posthumously decorated him Compagnon de la Libération. A number of SUSSEX agents were deported, shot or reported missing. It is very difficult today to estimate exactly how many. As for Andre Guillebaud, he fortunately escaped from searches and was able to carry out a new Sussex mission in Northern France.
REMEMBER :
COMMÉMORATION 1er MAI 2019 : Lèves, mercredi 1er mai 2019 commémoration au champ de tir de Chavannes à la mémoire de Jacques Voyer et des fusillés de Chavannes (Eure-Et-Loir).
Daisy Vincent petite nièce de Jacques Voyer présente à la cérémonie d’inauguration du totem dédié à son grand-oncle a rédigée et lu le texte ci-dessous : Champ de Tir de Chavannes, Lèves 1er mai 2019 Parler aujourd’hui, je n’y tenais pas. Tout n’a-t-il pas été dit ? Et puis j’ai repensé à un texte de mon amie Stéphanie Trouillard, tiré de son ouvrage « Mon oncle de l’ombre » qui retrace son enquête sur son grand-oncle André, jeune maquisard breton fusillé à Plumelec en juillet 1944. En voici un extrait : « En décidant un beau jour de me pencher sur l’histoire de ce grand-oncle inconnu et oublié, je ne pensais pas que j’ouvrirai un puits sans fond. Un voyage dans la mémoire, douloureux mais essentiel. En soufflant sur la poussière tombée sur ce passé, je n’imaginais pas partir à la découverte de toute ma famille. En réveillant les morts, j’ai bousculé les vivants. […] Derrière les non-dits se terraient des plaies encore vives et des souvenirs qui ne demandaient qu’à se faire entendre. » Si simplement, ses mots résumaient ce que nous vivions depuis ce jour d’août 2017 où notre grand-mère Jeannette s’en était allée. Tout comme Stéphanie, je n’imaginais pas ce qui nous attendait. Lorsque les valises contenant l’amas de vieux papiers, photographies et objets pêle-mêle avait été mentionné, c’est d’abord ma marotte d’historienne qui avait tendu l’oreille. Je savais qu’une partie de ce qu’elles recelaient concernaient Jacques, le frère de Jeannette. Je savais que c’était important, mais je ne comprenais pas encore la profondeur du traumatisme qui s’y cachait. Jacques Voyer à ce moment précis, je ne le connaissais pratiquement pas. Il avait été mentionné une ou deux fois au détour d’une conversation familiale. Son portrait en béret de chasseur avait longtemps jauni sur une commode de la maison de Toulon mais les volets clos de l’été provençal le voilaient dans la pénombre de nos siestes. On en parlait peu. Un interdit qui s’était doucement installé au fil des années, coulant sur les blessures et les souvenirs et noyant la détresse dans le silence. Fin octobre 1944. Jeannette a 14 ans lorsqu’une lettre de Londres arrive aux Postes de Tunis où son père est contrôleur. Une lettre de condoléances d’une amie proche de son frère, alors qu’ils étaient sans nouvelles depuis avril. Il est difficile d’imaginer l’ouverture de cette enveloppe, la catastrophe révélée par ces lignes. Griffonné directement au dos de celle-ci, le brouillon du télégramme que mon arrière-grand-père expédie sur le champ au consul de France en Angleterre, demandant des nouvelles de son fils. Il sait que ses missions sont des plus dangereuses. Comment a-t-il vécu cette journée ? Comment est-il rentré chez lui pour l’annoncer à son épouse ? A sa fille qui adore son grand frère ? Comment ont-ils vécu l’attente accablante de la confirmation, qui n’arrive que peu de temps avant Noël ? 73 ans plus tard, à la veille des fêtes, c’est avec émotion que nous redécouvrons ce patrimoine effroyable, ces souvenirs bouleversants. Au cours de l’année qui suit, les kilomètres en train s’accumulent et les montagnes de livres nous envahissent. Jamais je ne me suis sentie aussi proche de mes cousins, qui se lancent tous avec moi sur les pas de Jacques. Peu à peu, il sort de derrière ses décorations et ses honneurs pour redevenir le grand frère, le fils, le bachelier espiègle qui avait cousu des grelots dans l’ourlet de son pantalon pour agacer son professeur. Petit à petit, nous apprenons à le connaître. Grâce aux archives nationales ou personnelles, aux livres, photographies, aux familles que nous retrouvons, nous reconstruisons sa France Libre à lui. Nous sourions à sa manie de coller les timbres du maréchal la tête en bas. Lorsqu’il se plaint, avec humour, du puzzle indéchiffrable que sont les lettres de ses parents, écrites dans tous les sens et sur le moindre centimètre de papier, nous partageons ses sentiments. Nous découvrons aussi notre grand-mère petite fille, qui donne à son frère des nouvelles du chat, ou lui envoie un plan de leur appartement à Tunis, perle rare dans un quartier bombardé. Car il ne s’agit pas que de l’histoire de Jacques mais bien de celle de toute une famille, séparée et pourtant unie. Mais il faut aussi renouer avec les pages sombres, ces journées de juin 1944 qui s’achèvent en tragédie. Ce chapitre eurélien que j’évite autant que possible : nous venons à peine de retrouver Jacques, je n’ai pas envie de le voir disparaître à nouveau. Malgré tout, j’arpente les rues de Chartres pour retracer son arrestation et sa fuite. Je me force à traduire son dossier du tribunal militaire allemand, sa mise à mort, dans toute sa froideur insoutenable. Je viens ici, à Lèves, où tout a basculé. Les couvercles commencent à sauter, et le sol se dérobe sous nos pieds. En réalité, alors qu’elle est décédée en 2017, nous n’avons pas bien connu notre grand-mère. En 1994, elle commençait à sombrer, je n’avais que 10 ans. Gamins que nous étions, nous n’avions pas su que ce naufrage auquel nous assisterons, impuissants pendant deux décennies, était au moins en partie lié au vide béant laissé par Jacques. Une commémoration, une rencontre avec des agents du réseau, cinquante ans de non-dits, de plaies mal suturées. Le sachant ou non, nous avions tous grandi avec les conséquences de cette déchirure. Des familles comme la nôtre, il en existe partout en France. Elles portent cette mémoire comme elles peuvent, en attendant comme nous, comme celle de Stéphanie, de pouvoir se rassembler. Dans l’intervalle, c’est vous, qui par votre présence, entretenez cette mémoire. Ce sont les institutions, les mairies, les associations, qui s’investissent pour que ces sacrifices ne soient pas oubliés. Alors parler aujourd’hui, je n’y tenais pas ; mais il est temps pour notre famille de redonner à Jacques sa place parmi nous et de partager cela avec vous. Notre silence n’a que trop duré.
|